Les Yvelines, un département plus écoresponsable que jamais ?

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La page de garde du dernier numéro du magazine du Conseil Départemental nous a interpellés. Et de ce fait notre question : L’exécutif du Département se considère-t-il vraiment comme écoresponsable ou ne serait-ce pas qu’un affichage de plus, pour paraître dans l’air du temps en vue d’élections prochaines ?

Pour ceux d’entre nous qui combattons depuis très longtemps des projets d’infrastructures et d’aménagement démesurés portés ou soutenus par le département, la page de garde du magazine du département (Yvelines #31) fait figure de provocation. Pour aller au-delà de cette première impression, nous avons voulu analyser la politique du département en la matière et répondre à la question : notre département est-il vraiment éco-compatible ?

Aussi avons-nous comparé le département des Yvelines aux autres départements. Les études évaluant la politique environnementale des départements en la matière sont rares. Citons néanmoins le classement du journal La Vie dont la dernière étude date de 2016. Selon les critères retenus, les Yvelines se classent en 83ème position sur 91 : pas de quoi pavoiser. Bien entendu, tous les critères ne sont pas à la main du département et on ne peut comparer que ce qui est comparable : difficile pour les Yvelines de lutter avec les Hautes-Pyrénées en ce qui concerne la qualité de l’air. Disons que les Yvelines sont dans la moyenne des départements de l’Ile-de-France malgré une urbanisation nettement moindre que certains autres (la densité des Yvelines est dix fois inférieure à celle des Hauts-de-Seine). Exit donc le message selon lequel les Yvelines seraient un département exemplaire.

Avant de nous concentrer sur la politique à venir du département, rappelons les leviers sur lequel il peut agir dans le domaine de l’environnement :

  • Le logement et l’habitat,
  • La voirie notamment le réseau des routes départementales et les voies navigables,
  • Les transports routiers non urbains de voyageurs,
  • L’aménagement du territoire,
  • Le développement des réseaux câblés et télécommunications,
  • L’énergie, notamment les économies d’énergie,
  • La création et l’entretien des Espaces Naturels Sensibles, la possibilité de protéger les espaces agricoles et péri-urbains,
  • L’élaboration d’un plan départemental d’élimination des déchets ménagers et de plans de gestion des déchets du BTP,
  • Des possibilités de financement des travaux d’alimentation en eau potable et de participation aux schémas de gestion des eaux.

A la lumière de ces éléments, regardons donc ce que propose Pierre Bédier dans son article dans le magazine Yvelines : « Aujourd’hui, l’écologie n’est plus le cheval de bataille de quelques initiés : la mobilisation doit être générale ».

Après avoir demandé à l’administration départementale de faire quelques efforts en matière d’environnement, Pierre Bédier annonce l’achat de Zoé pour remplacer les véhicules actuels du Département : un minimum dans un département où sont construits ces véhicules. Bon, et après ? Eh bien pas grand-chose : quelques exemples d’utilisation de la filière bois, quelques initiatives vertueuses de développement des circuits courts en matière de consommation, une présentation de la filière recyclage et le lancement d’un bilan carbone des activités du Département.

Est-ce cela la mobilisation générale ? Plutôt une très légère inflexion.

Bien entendu, le Département a changé sa communication : plus question comme en 2016 dans le même magazine de mettre en avant les projets routiers en les présentant comme des défis à relever.

Extrait de la revue Yvelines (#15) du printemps 2016

Mais le discours de fond n’a pas changé : Ainsi cette déclaration de Pierre Bédier lors de la séance du conseil départemental du 20 décembre 2019 : « Certes, il est éminemment sympathique d’empêcher telle infrastructure routière, mais on ne s’étonnera pas ensuite que les entreprises partent là où les salariés peuvent circuler ». C’est donc bien une vision à l’ancienne, héritée des 30 glorieuses,  que développe ici Pierre Bédier : infrastructures routières = emplois. Rien qui ne sorte des schémas de pensée habituels.

Par contre, ce qui est avancé, c’est une fusion des départements des Hauts-de-Seine des Yvelines pour mutualiser les investissements, notamment dans les transports routiers. Sur le site internet du Département, tous les projets d’aménagements routiers qui visent à faciliter, donc à augmenter la circulation automobile, sont toujours programmés.

A contrario de cette logique, le seul intérêt du rapprochement du département serait qu’il soit un précurseur et un modèle de la mise en œuvre des techniques et des opportunités du XXIème siècle au bénéfice de ceux qui y vivront. Pour cela, il faut mettre en œuvre des leviers pour libérer l’activité des contraintes géographiques en :

  • développant le télétravail par l’amélioration des réseaux et le coworking,
  • réservant le réseau routier à la circulation des biens pour les premiers et derniers kilomètres des parcours, en complément de liaisons ferroviaires et fluviales performantes ;
  • développant des transports collectifs modulables et économes en énergie ;
  • améliorant la gestion des espaces naturels et bâtis, de l’énergie, de l’eau, des déchets dans un concept de développement durable,
  • épaulant la filière agricole pour favoriser les cultures biologiques de proximité.

Comme le disait Jacqueline Lorthiois dans la revue Liaison de FNE IdF (#189) : « Il est temps de mobiliser nos capacités créatrices pour inventer un avenir qui s’écarte résolument des schémas habituels ». Ce n’est visiblement pas la voie envisagée par le Département.

Photo en en-tête d’article : page de garde de la revue Yvelines (#31) du printemps 2020.

Citation de Pierre Bédier : cf. compte-rendu analytique de l’assemblée départementale du 20 décembre 2019 (page 11).

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